Appui financier, technique et logistique aux membres du comité pilote de gestion communautaire de la FMTE
Pour permettre au comité pilote de gestion communautaire de la FMTE d’être fonctionnel en attendant la décision officielle de classement de la FMTE, ses membres chargés de relayer les messages de sensibilisation dans les villages, d’assurer la surveillance de la forêt et le suivi écologique bénéficieront d’un appui logistique et financier pendant la durée du projet. Du matériel de travail sera mis à leur disposition (fiches de notes) et ils recevront une contribution mensuelle à leur frais de vie sur le terrain. La Coordination du Programme RASAP-CI assurera le suivi et l’évaluation des activités de ce comité.
Renforcement des capacités des membres du comité pilote de gestion communautaire de la FMTE
En vue de leur faire acquérir de l’expérience et des connaissances pratiques en matière de conservation d’un patrimoine forestier, les membres du comité pilote de gestion de la FMTE seront associés à la planification et la mise en œuvre de toutes les activités du projet. En outre, des ateliers de formation et/ou de recyclage seront organisés à leur attention. Ces formations comporteront notamment, un module sur la planification et la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation, l’aménagement de la forêt en vue de la surveillance et/ou du suivi écologique, l’organisation de la surveillance, le suivi écologique, les relations avec l’administration, la recherche de financements et la gestion des fonds, l’évaluation du projet et la restitution des acquis.
Renforcement des capacités d’associations villageoises de développement
En plus des membres du comité de gestion, des responsables d’associations villageoises de développement (associations des jeunes, associations des femmes, coopératives agricoles…) bénéficieront d’une série de formations assurées par les membres de l’équipe RASAP-CI. Ces formations porteront sur la gestion des aires protégées communautaires, les modes de gestion associative, la rédaction de projets, la recherche de financements, la comptabilité simplifiée, le suivi et évaluation de projets de développement…Ces formations leur permettront de mieux s’organiser et tirer avantage des opportunités offertes par les programmes nationaux et/ou internationaux relatifs à la conservation de la biodiversité et la lutte contre la pauvreté.
Travaux d’expertise requis dans le cadre du processus de classement de la FMTE
Le classement de la FMTE apparaît comme étant la meilleure solution pour lutter efficacement contre les nombreuses convoitises dont elle fait l’objet de façon récurrente. Le choix définitif du statut de la forêt revient aux décideurs politiques de la Côte d’Ivoire. Après l’inventaire préliminaire de la faune et de la flore déjà effectué par l’équipe RASAP-CI en février 2007, les autres travaux d’expertise requis pour la suite du processus de classement de la FMTE comprennent la délimitation et le bornage, la production d’une carte validée par un géomètre agrée, une enquête de commodo et incommodo, l’immatriculation et la définition participative des règles de gestion. La délimitation de la forêt a été entamée en février 2010 en étroite collaboration avec les populations après avoir identifié de façon concertée, les limites de la portion à classer. Un layon périphérique de 10 m de largeur sera ouvert et georéférencé et des bornes seront placées par endroits. Cela permettra de connaître la superficie exacte de la portion de la forêt à classer. L’équipe RASAP-CI produira alors une carte qu’elle fera validée par un géomètre agréé et qu’elle mettra à la disposition des riverains pour qu’ils introduisent une nouvelle demande de classement. Dans le processus, l’enquête publique dite « enquête de commodo et incommodo » auprès de la population locale, dans la période du 1er novembre 2010 au 4 janvier 2011 inclus, a été diligentée par le Préfet du Département de Tiapoum en sa qualité du Président de la Commission de classement de cette forêt. Les résultats de cette enquête ont montré une volonté manifeste de la population à conserver la FMTE. Par la suite, une mission du Ministère de l’Environnement vérifiera sur le terrain, les caractéristiques biotiques et abiotiques de cette forêt et son importance au plan socio-économique afin de décider du statut de conservation le plus adapté.
Etudes anthropologique et socio-économique
Les études anthropologique et socio-économique seront menées par au moins quatre étudiants de l’Université de Cocody-Abidjan dont deux doctorants et deux D.E.A. Ces études visent à analyser le contexte et les conditions de mise en œuvre du programme de conservation de la FMTE aux plans biophysique, socio-économique et institutionnel en vue de formuler des recommandations pour tirer le maximum de profit des atouts et opportunités en minimisant l’impact des faiblesses et contraintes. Ces études consisteront à travers des recherches bibliographiques, des enquêtes et des observations directes à :
— évaluer les forces et faiblesses du cadre institutionnel et organisationnel de la mise en œuvre de la gestion communautaire de la FMTE ;
— évaluer les coûts et bénéfices liés aux différentes formes d’exploitation actuelles et potentielles de la FMTE ;
— identifier les déterminants de l’acceptation du programme de conservation de la FMTE par les populations riveraines ;
— évaluer l’impact des principales composantes du programme pilote de gestion communautaire de la FMTE (surveillance, sensibilisation, appui au développement…) ;
— proposer un mécanisme de financement de la conservation de la FMTE basée le plus possible sur la gestion rationnelle des ressources naturelles.
Prospections biologiques
Les recherches pour redécouvrir le colobe bai de Miss Waldron dans la FMTE se poursuivront. La redécouverte de ce singe permettrait d’attirer plus d’attention sur l’intérêt de la FMTE. Hormis la recherche du colobe bai de Miss Waldron, les prospections consisteront à :
— récolter des données supplémentaires sur l’abondance relative et la distribution du cercopithèque diane roloway, du cercocèbe couronné et d’autres singes dans la FMTE ;
— compléter la liste des mammifères, oiseaux, reptiles, poissons et autres vertébrés recensés dans la FMTE avec une note sur leur abondance relative et leur distribution ;
— fournir des données préliminaires sur l’écologie comportementale du cercopithèque diane roloway et éventuellement du colobe bai de Miss Waldron.
L’optimisation des activités de recherche dans et autour de la FMTE nécessitera l’aménagement d’au moins, deux bases-vie à la périphérie de la FMTE (une au Nord-Ouest et une au Sud-Est) et trois campements de recherche à l’intérieur de la FMTE.
Sensibilisation de différentes couches socioprofessionnelles
Divers outils seront utilisés pour la sensibilisation de sorte à toucher le maximum de groupes cibles. Il y aura ainsi des séances à grande audience, des séances à audience limitée, des séances individuelles, des campagnes de médiatisation et l’utilisation de supports écrits. Les membres du comité de gestion de la forêt seront étroitement associés à la conduite de toutes les séances à grande audience et seront les principaux animateurs des séances à audience limitées ou individuelles. Les séances à grande audience consisteront en des projections de films sur les enjeux de la conservation des primates et leurs habitats et au déroulement d’une compétition publique entre écoles et entre villages. Cette compétition se fera sous plusieurs formes : (i) questions réponses posées à des équipes sur la FMTE, ses singes et les enjeux de sa conservation, (ii) concours de poèmes et de chants en langues locales et en français, (iii) concours de ballets et de sketches sur des thèmes relatifs à l’environnement, (iii), tournoi de football ou chaque village en compétition s’identifiera à un singe et arborera un T-shirt à l’effigie de ce singe. Il faut noter que chaque village en compétition devra prendre un singe comme mascotte et se chargera d’en faire une description complète et originale à l’attention du public avant le début de chaque compétition. Les séances à audience limitée consisteront en la tenue de réunions avec les communautés des villages ou des groupes socioprofessionnels ou des familles. Les membres du comité pilote de gestion organiseront de telles séances, au moins une fois par mois, dans chacun des villages.
Les séances individuelles consisteront à identifier et organiser des entretiens avec des individus participant rarement ou jamais aux séances collectives ou continuant d’afficher des attitudes peu favorables à la conservation. Cela sera l’affaire des membres du comité de gestion qui au besoin, solliciteront l’appui des membres de l’équipe CEPA Côte-d’Ivoire. Les activités du projet seront médiatisées à travers notamment, la diffusion de reportages dans la presse écrite et dans la presse audio-visuelle. Pour attirer l’attention de la communauté internationale, des articles de magazine et des articles scientifiques seront publiés. Des posters, des plaquettes et des T-shirts véhiculant des messages forts sur le projet, la FMTE et les enjeux de sa conservation seront imprimés et distribués dans les villages et auprès des décideurs.
Appui au développement local
Un déterminant de taille de l’adhésion des populations riveraines à tout programme de conservation est l’amélioration durable de leurs conditions de vie. Les besoins cruciaux dans la région, s’expriment d’une part, en termes d’accès à l’eau potable, aux soins médicaux et à l’éducation et d’autre part, en termes de manque d’alternatives surtout pour les jeunes et les femmes.
La réparation de forages dans quelques villages et la responsabilisation d’un comité pour en assurer l’entretien font partie des priorités du partenaire SOS Forêts afin de minimiser les risques sanitaires liés à l’utilisation des eaux de rivières. L’équipe RASAP-CI se focalisera donc sur l’amélioration de l’accès aux soins médicaux et l’appui à des projets de développement souhaités par les jeunes et les femmes des villages riverains.
Des centres de santé n’existent que dans deux des neuf villages de la zone d’intervention du projet. Les habitants des autres villages n’ont pas toujours la possibilité d’atteindre ces villages en cas de maladie surtout que l’état de la route est souvent très mauvais. Ils sont donc obligés de recourir à des guérisseurs ou à l’automédication en utilisant des médicaments achetés au Ghana voisin. Il serait judicieux de construire des cases de santé communautaires dans au moins deux de ces villages de sorte à réduire la distance à parcourir par les malades pour avoir accès à des soins de santé primaires. Ces cases de santé dépendant des centres de santé existant seraient gérées par un habitant du village formé à cet effet par des agents du Ministère de la Santé. L’équipe RASAP-CI apportera un appui à cette démarche et procédera à un don de médicaments et de matériels médicaux à ces cases de santé de sorte à ce qu’elles offrent des prestations gratuites ou à tarif social. Dans les villages de la zone d’intervention du projet qui sont dotés d’écoles primaires, les effectifs des enseignants sont généralement insuffisants et les populations sont obligées de se cotiser pour prendre en charge des enseignants bénévoles. En outre, il est rare que les élèves disposent des livres scolaires. Le programme contribuera à la prise en charges de quelques instituteurs bénévoles et offrira aux écoles des villages les plus démunis, des livres scolaires qui seront mis chaque année à la disposition des élèves. De cette façon, plusieurs générations d’élèves auront un meilleur accès à l’éducation. Certains villages sont dotés d’une école primaire de trois classes où se dispensent des cours à six niveaux différents. Au cours des deux années précédentes, les instituteurs ont essayé de regrouper deux niveaux par classe, mais ils trouvent l’expérience éprouvante et non pédagogique. Le programme apportera un appui aux parents d’élèves pour la construction d’au moins un bâtiment rudimentaire pouvant servir de salles de classe dans ces villages.
Diffusion des acquis
Outre la diffusion des rapports d’activités auprès des partenaires, la stratégie de communication sur le projet fera la part belle à l’organisation d’ateliers de restitution des acquis, la publication d’articles de presse, d’articles de magazine et d’articles scientifiques sur les résultats du projet, la diffusion d’émissions radiophoniques et à la réalisation d’un reportage télévisé sur le projet. L’impression et la distribution de posters, de plaquettes et de t-shirts véhiculant des messages forts sur le projet feront partie de la stratégie de communication. Ces dernières actions ont l’avantage de laisser des traces pendant une période relativement longue.